dimanche 31 août 2008

Etats-Unis - "Benoît XVI : un véritable moderniste avec toute la théorie moderniste mise à jour !" - notre résolution à refuser toute “réconciliation"

http://wdtprs.com/blog/2008/07/angelus-interviews-sspx-excommd-bishops-part-ii-tissier-de-mallerais/

ANGELUS: Interviews SSPX excomm’d bishops (part II: Tissier de Mallerais)

Mgr. Bernard Tissier de Mallerais

Q: Quelles sont vos réflexions sur l’état de l’église après 20 ans d’exercice de votre épiscopat ?

Tissier de Mallerais: Jean-Paul II n’a rien fait pour reconstruire la Foi. La grande apostasie n’a cessé de croître; la jeunesse est presque complètement perdue dans l’impureté et les drogues. La royauté sociale du Christ est complètement détruite par la liberté religieuse et les droits de l’homme. Nous sommes en train de vivre la grande apostasie dont parle St. Paul dans sa Lettre aux Thessaloniciens : “venerit dicessio primum” (II Thess. 2:3).

Q: Qu’y-a-t-il de changé, pour autant que quelque chose ait changé, dans la société ?

Tissier de Mallerais: Quelle sorte de Société ? La Fraternité Saint Pie X ? Si c’est bien de celle-là qu’il s’agit, pour sûr, la Fraternité, grâce à Dieu, a grandi, de 150 à 450 prêtres; le nombre des frères ayant doublé. Peu de nouveaux prieurés; il vaut mieux assurer la vie commune des prêtres ! Mais partout beaucoup de nouvelles missions. Peu de nouveaux pays qui ne seraient pas nécessaires. Nous devons développer ce que nous avons entrepris. Cela suffit.

Q: Combien de pays avez-vous visités depuis votre sacre épiscopal ?

Tissier de Mallerais: A peu près tous les pays où nos prêtres travaillent excepté le Japon et la Corée. Combien cela en fait-il ? Probablement plus de 30 ou 40.

Q: Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné de la part des fidèles au cours de vos nombreuses tournées de confirmations ?

Tissier de Mallerais: Bien sûr, les nombreuses familles qui élèvent de nombreux enfants. Parfois, plus de dix enfants — merveilleux ! C’est l’effet de la grâce du Saint Sacrifice de la Messe. En outre, à cela s’ajoutent les nombreuses écoles de garçons et de filles, écoles primaires extérieures à nos prieurés en bien des endroits. Ainsi, Église, Prieuré et École sont devenus la norme actuelle.

Q: Que seraient devenues ces choses sans les sacres selon vous ?

Tissier de Mallerais: Nous serions morts : des vieux prêtres, rien que des vieux prêtres, des vieux frères, de vieilles sœurs, des séminaires vides et morts; et pas de Fraternité St Pierre où quoique ce soit d’autre. La Tradition serait morte. Les sacres épiscopaux ont donc constitué un “un acte sauveur.” L’“opération survie” a été un succès complet, grâce à Dieu et grâce à l’acte héroïque de l’Archevêque Mgr. Lefebvre!

Q: La situation avec Rome est-elle plus encourageante vingt ans plus tard ?

Tissier de Mallerais: Non, rien n’a changé. Seul le motu proprio du 7 juillet 2007 a constitué un miracle inattendu, et il a changé radicalement la pratique du Saint Siège envers la Messe traditionnelle. Mais, dans la pratique, le retour à la Tradition reste faible parmi les prêtres. Seuls des jeunes prêtres, en petit nombre, sont intéressés. Mais en ce qui concerne la liberté religieuse, les droits de l’homme, l’intérêt de Rome pour notre œuvre: rien n’a changé — induratio cordium ! Un durcissement des cœurs, un aveuglement des esprits.

Q: Que diriez-vous à ceux qui, en 1988, prédisaient que la Fraternité était en train de créer une église parallèle ? L’histoire n’a-t-elle pas prouvé qu’ils avaient tort ?

Tissier de Mallerais: Je réponds : Où est l’Église, mes chers frères ? Reconnaissez l’arbre à ses fruits. Là où sont les fruits, là est l’Église. Je ne veux pas dire que l’Église soit réduite à la Fraternité, mais que son Cœur est dans la Fraternité. La vraie Foi, la vraie doctrine, les sacrements non-batards: tout cela se trouve au sein de la Fraternité. Partout ailleurs, c’est un mélange plein de compromise dus au libéralisme et à la faiblesse d’esprit. L’Église parallèle, c’est la Nouvelle église de Vatican II: son esprit, sa nouvelle religion ou non-religion.

Q: Qu’est-ce qui se dégage pour avoir été l’événement le plus important de ces 20 dernières années ? La mort de l’Archevêque ? L’élection de Benoît XVI ? Le Motu Proprio ?

Tissier de Mallerais: La réponse c’est notre persévérance, notre existence. La continuation miraculeuse de la Tradition. La consécration des évêques ne fut qu’un moyen pour réaliser cet objectif. Non, la mort de Mgr. Lefebvre, l’élection de Benoît XVI, et ainsi de suite, n’ont pas constitué des événements significatifs. En réalité, il n’y a pas eu d’événement particulier au cours de ces vingt dernières années, à part le miracle de la survivance de la Tradition.

Q: Nombre des catholiques qui ont entrepris de combattre il y a des années aux côtés de l’Archevêque auraient tendance à présent à unir leurs forces à une Rome apparemment plus conservatrice en s’alliant à des organisations jouissant d’un “statut plus régulier” au sein de l’église.

Tissier de Mallerais: Oui, beaucoup de pertes. En raison d’un manque de principes, des infidélités au combat de la Fraternité, de la recherche de compromis, d’une aspiration à la paix, d’un désir de la victoire avant le temps fixé par Dieu. Ces pauvres gens (prêtres, religieux, laïcs) sont des libéraux et des pragmatiques séduits par les sourires des gens du Vatican, je veux dires des prélats de la Curie romaine. Des gens qui sont fatigués par le long, long combat de la Foi: “Quarante ans, ça suffit!” Mais ce combat durera trente ans encore. Par conséquent, ne baissez pas les armes, ne recherchez pas de “réconciliation,” mais continuez le combat !

Q: Quel est votre plus mémorable souvenir de l’Archevêque ?

Tissier de Mallerais: Ce fut lorsque, le 13 Octobre 1969, il nous a ouvert la porte du 106, route de Marly, à Fribourg, en Suisse, tout seul, sans aucun prêtre, en nous recevant, nous autres les neuf séminaristes, dans les deux appartements qu’il avait loués aux Pères Salésiens. Tout seul, à l’âge de 63 ans, en recommençant toutes choses avec nous autres, pauvres jeunes gens ! Cela allait, pour montrer comment il prenait soin de nous, des conférences spirituelles qu’il nous dispensait très simplement, de l’enseignement théologique avec St. Thomas d’Aquin, jusqu’à nous faire bénéficier de son expérience de missionnaire. Un Archevêque, ancien Supérieur Général d’une communauté religieuse de 3.000 membres, ancien Délégué Général, et à présent tout seul avec neuf jeunes gens pour entreprendre quelque chose pour le salut de la prêtrise, quelque chose dont il n’avait même pas idée de l’avenir. Prenez la mesure d’une telle Foi !

Q: Quelle fut la période la plus mémorable au cours de votre formation au séminaire ?

Tissier de Mallerais: C’est incroyable ! Ce fut mon premier contact avec la Somme de St. Thomas d’Aquin au cours des leçons merveilleuses que nous dispensait le Père dominicain Thomas Mehrle, O.P., qui toutes les semaines venait de Fribourg pour nous enseigner le Christ et Dieu à Ecône. Comme il nous était délicieux d’écouter le Père Mehrle nous commenter la Somme, et nous, à cette époque, étudiant notre Somme en latin, ce merveilleux latin de St. Thomas. Que d’heures de délices, chaque jour de 8h15 à 9h00, à ma table de travail dans ma chambre, passées à méditer la Somme et à l’apprendre ! Et à présent, je fais la même chose, exactement la même chose!

Q: Diriez-vous que le combat pour la Messe a radicalement changé depuis les sacres ?

Tissier de Mallerais: Absolument pas. Rien n’a changé! La persécution contre les jeunes prêtres qui reprennent l’ancienne Messe est restée la même que celle qui poursuivait les bons prêtres, prêtres paroissiaux qui, voici 40 ans, entendaient demeurer fidèles à la Messe de leur ordination.

A de rares exceptions près, les évêques sont enragés contre la messe Traditionnelle. Leur nouvelle religion s’oppose à la vraie Messe, et la vraie Messe détruit leur nouvelle et fausse religion, une religion sans sacrifice, ni expiation, ni satisfaction, ni justice divine, ni pénitence, ni abnégation, ni ascétisme; la religion du soi-disant “amour, amour, amour”, ce qui n’est rien d’autre que des mots.

Q: En sens inverse, diriez-vous que le combat pour la doctrine est devenu plus important ?

Tissier de Mallerais: Il s’agit du même combat: ratio cultus, ratio fides. La Règle de la Foi, c’est la Règle de la liturgie, et la Règle de la liturgie, c’est la Règle de la Foi: lex orandi, lex credendi ; lex credendi, lex orandi. Cette devise est réversible. La Messe Traditionnelle constitue la plus magnifique expression de la Royauté du Christ, car regnavit a ligno Deus – Dieu a régné par le bois de la Croix. C’est le mystère de la Rédemption, qui en tant qu’une réparation parfaite et surabondante pour les péchés de l’humanité, est exprimé dans la Messe Traditionnelle. Tout au contraire de la Nouvelle Messe par laquelle il est obscurci et défiguré.

En conséquence, le combat contre la liberté religieuse ne peut être séparé du combat pour la Messe. La même chose est également vraie en ce qui concerne le combat contre l’œcuménisme, car, si le Christ est Dieu, il est donc à même de racheter tous les péchés et d’offrir pour eux une satisfaction parfaite; en outre, Lui Seul, a le droit d’imposer l’Évangile aux lois civiles. Je ne vois donc aucune séparation entre le combat pour la Messe, le combat pour l’esprit chrétien de Sacrifice, et le combat pour la royauté sociale du Christ. Les modernistes non plus ne voient aucune différence entre leur Nouvelle Messe, leur refus du mystère de la Rédemption, comme avec leur négation de la royauté sociale de Jésus Christ. Tout se tient.

Q: Que signifie le fait que, en dehors de Mgr Rifan, Rome n’ait jamais accordé aucun évêque aux communautés Ecclesia Dei ? Cela ne justifie-t-il pas la décision de l’Archevêque ?

Tissier de Mallerais: Oui, bien sûr ! Ces gens à Rome (à quelques exceptions près) ne veulent pas d’évêques traditionnels ! Ils n’en veulent toujours pas. La Rome occupée ne saurait se permettre de laisser exister des évêques traditionnels dans l’Église. Ce serait la destruction de leur destruction! Mgr. Rifan a du subir un lavage de cerveau en règle avant d’être “réconcilié.” Il maintient la sainte Messe traditionnelle, mais il ne combat plus contre la Nouvelle Messe, contre la liberté religieuse, etc… Il a du cesser de combattre.

Des communautés Ecclesia Dei ont du accepter de ne jamais critiquer le second Concile du Vatican ni la Nouvelle Messe. Ils ont été bâillonnés, et ils ont accepté de demeurer silencieux. C’était là le prix de leur “réconciliation.”

De sorte que l’Archevêque Mgr Lefebvre avait totalement raison, quand il affirmait que seuls des évêques totalement catholiques et totalement libres, libres de toute influence de la part de la Rome libérale, pourraient travailler pour le bien de l’Église jusqu’à la conversion du Pape.

Q: Que prévoyez-vous devoir être les plus grands défis auxquels la fraternité et les fidèles devront faire face au cours des toute prochaines années ?

Tissier de Mallerais: Avant tout, notre persistance à refuser les erreur du Second Concile du Vatican.

Deuxièmement, notre résolution à refuser toute “réconciliation” avec la Rome occupée [!].

Troisièmement, notre croissance en matière d’écoles, académies et collèges en sorte de promouvoir l’éducation catholique et l’aide aux familles.

Quatrièmement, résister à toute persécution de la part des autorités civiles et proclamer que la Chrétienté est la seule source de civilisation.

Q: Selon l’état des choses en 2008, comment, selon vous, l’Archevêque qualifierait-il la crise aujourd’hui ?

Tissier de Mallerais: Il dénoncerait non seulement le libéralisme — c’était déjà le cas avec Paul VI — mais le modernisme, ce qui est le cas de Benoît XVI : un véritable moderniste avec toute la théorie moderniste mise à jour ! Cela est si grave que je ne puis exprimer mon horreur. J’en reste sans voix. Mais l’Archevêque Mgr. Lefebvre hurlerait : “Vous êtes des hérétiques, vous pervertissez la Foi !”

Q: Quel conseil donneriez-vous aux parents qui élèvent des enfants catholiques dans le monde d’aujourd’hui ?

Tissier de Mallerais: Non seulement d’avoir des enfants et beaucoup d’enfants, mais de les élever, de les éduquer ! Ne vous contentez pas simplement de les nourrir, ne vous contentez pas de simplement pourvoir à leur nourriture !

Et envoyez les dans de véritables écoles catholiques où ils ne seront pas seulement protégés contre la corruption du monde, mais où ils seront aussi formés comme des Chrétiens.

Q: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes gens et aux jeunes filles qui envisagent la vie religieuse ?

Tissier de Mallerais: Ne vous contentez pas de l’“envisager”, ni même de l’“essayer”, mais engagez vous dans cette voie avec résolution et persévérez ! O Dieu, pauvres volontés !

Q: Quels sont les livres qui, selon vous, sont les plus essentiels pour les fidèles de nos jours ?

Tissier de Mallerais: Pour tous, leur missel (livre de Messe) et leur catéchisme. Pour des jeunes gens des livres sur la Royauté sociale du Christ. Pour les jeunes femmes, des livres de cuisine, de couture, et sur la manière d’aménager son intérieur.

Q: Que prévoyez-vous pour les 20 ans à venir ?

En Europe, des Républiques Islamiques en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas.

Aux États-Unis d’Amérique, banqueroute et guerre sociale.

A Rome, l’apostasie organisée avec la religion juive.

En nous, l’héroïsme, l’héroïsme chrétien.

Dans la Fraternité, le sacre de nouveaux évêques, si cela apparaît nécessaire. Je vieillis.

A Rome, un nouveau Pape? En réalité, si c’est pour qu’il devienne pire encore, ce n’est pas nécessaire. Si c’est pour qu’il devienne Petrus Romanus, oui, bien sûr. C’est là mon espoir.


Né à Sallanches (haute Savoie) en 1945, Mgr. Tissier de Mallerais, c’est après plusieurs années d’études universitaires qui lui ont valu une Maîtrise, qu’il est entré en Octobre 1969 au Séminaire de la fraternité Saint Pie X alors situé à Fribourg, en Suisse. Ordonné prêtre à Ecône le 29 Juin 1975, il fut aussitôt nommé professeur au Séminaire de la Fraternité St. Pius X. Il en devint le Recteur en 1979, et remplit cette fonction jusqu’en 1983. Après avoir occupé la charge de chapelain du noviciat des Sœurs de St. Pie X à St. Michel-en-Brenne, en France, c’est en 1984 qu’il devint le Secrétaire Général de la Fraternité. Il fut sacré évêque en 1988 et il réside à présent au Séminaire St. Pie X à Ecône, en Suisse. Mgr. Tissier de Mallerais s’est fait une spécialité dans l’analyse critique de la Déclaration sur la Liberté Religieuse du Second Concile du Vatican.